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analogon
16 novembre 2005

Pierre précieuse

PIERRE PRECIEUSE

Trois décades déjà viennent de s’écouler ;
A tes côtés les tiens sont venus te fêter.
Mais ce que tu es, ce que tu penses vraiment,
Dans les tréfonds de ton âme, tel un tourment
Qui gémit, pâle corbeau aux ailes acérées
Nul n’en sait les plaintes, à jamais ignorées ;

Rubis égaré, terni sous tant de regards,
Ton esprit hurle en mille morceaux épars.
T u es là. Isolée dans cette multitude
Bigarrée, qui te couvre des plus beaux atours.
Tu gis là. Ignorée dans cette solitude
Dorée, qui t’étourdit un peu plus chaque jour.

J’ai lu ! Oui, les plus beaux quatrains par ta main,
Diamants syntaxiques, rimes parfumées
Aux essences de larmes, sous le jour éteint ,
Complaintes graciles, de ton cœur elles sont nées !

J’ai vu ! oui, une âme seule si délétère
Livrer aux mots, aux bûchers glacés des enfers
Sa peur d’un jour si doux, son horreur infinie
D’une vie si leste vouée aux gémonies.

Exégète de ta plume , augure qui
Rejette loin de ta main l’amer génépi,
Laisse-moi, dilettante si peu éclairé
De mes mantras, vers la canopée te guider.

Sevrée dès la naissance du lait maternel,
Tu restes une graine dans le vent parsemée
Manquant d’amour, tu ne sais transpercer le gel,
Forteresse nivale d’une mal-aimée.

Pourtant, l’écu adamantin à deux reprises
S’est brisé, le jour où tu as donné naissance
A deux saphirs, joyaux de ton existence
Illuminant à jamais tes journées si grises.

Tu es mère. Dessein ultime de ta vie,
Tu donnes ce qui t’a cruellement manqué.
Tu es femme. Désir ultime de la nuit,
Tu te donnes, Léda des mâles désirée ;
Tu offres ton opaline carnation
A mille lingams, pour des fornications ;
Ouragans de rostres, plaisirs méphitiques,
Tu traverses tes océans ithyphalliques.

Itérations erratiques d’une âme en peine,
Errances terriennes dans le Styx de ton lit
Tu idolâtres, tu abhorres tes envies,
Mais de ces flamberges tu veux être la reine.

Qui es-tu ? Pure kore, catin maculée ?
Qui hais-tu ? Les hommes, toute l’humanité ?
Faut-il être anachorète, pour à tes yeux
Trouver grâce, et boire l’ambroisie des cieux ?

Viens. Couvre-toi de tes peurs, de tes souffrances,
Quitte ton hermine de jais, laisse en toi
Erato et Clio, délicates fragrances
Te peindre, tel Boucher, Diane en émoi.

Un an de plus. Tu peux poser ton lourd fardeau.
Ecoute les montagnes, regarde les rires,
Sens l’hydromel, goûte l’effluve du désir.
Touche mon âme, enivre-toi du repos.

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This création is licensed under a Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.0 France License.

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