Jusqu'à la dernière goutte
JUSQU'A LA DERNIERE GOUTTE
Le silence du soir a figé la mer de vignes,
Parfois survolée par une mouette perdue
Croyant rejoindre l'estuaire dont la ligne
Affleure dans le ressac brumeux qui s'est tu.
Le soleil s'immerge dans les flots, rougissant
La marée verte ancrée sur les berges du fleuve.
Elle enfle patiemment, accumule le sang
Qui bientôt ira étancher ceux qui s'abreuvent.
Mille focs reposent, alanguis sur leurs mâts
Qui s'élancent noueux de leurs haubans de fer.
Sous les vergues pendent lourdement leurs appâts
Attendant de rejoindre leurs prisons de verre.
Je navigue entre les ceps, perdu dans les rangs
Mon regard croise dans l'horizon sillonné
Cherchant un havre parmi les ports enivrants
Qui parsèment le rivage de leurs beauprés.
Cachée sous la dentelle d'une feuille verte
Elle attend, timide dans sa beauté gracile.
Ses courbes pleines appellent la main experte
Qui saura presser sans les meurtrir les grains fragiles.
Sa peau diaphane rosit, gagne le vermeil
Laissant transparaître la chair tendre et si pure
Mordorée par le dernier rayon du soleil,
Eclat d'un blond vénitien dans sa chevelure.
Heureux celui qui cueillera ce jeune fruit
Caressant longuement ses globes si charnus
Et qui goûtera le doux nectar qui en fuit
Apportant l'ivresse de son corps mis à nu.
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