La bestiole
LA BESTIOLE
Tapie dans les replis de la Toile elle attend.
Sa face hideuse, bouffie par tant de repas
Est surmontée par des yeux gras proéminents
Qui scrutent les environs pour sonner le glas.
Ses crochets dégoulinent de bave mousseuse
Fatale au moucheron prisonnier de ses rets.
Ses pattes arpentent la route sinueuse
Du soir au matin, elle se tient, le poison prêt.
Sa vie se résume à remplir son estomac,
Pauvre esprit si chétif consumé par la haine.
Oubliée de la vie qui fourmille là-bas,
Elle se gorge de ses succès, mesquine reine.
Une proie enfin croise son gluant chemin.
Prestement malgré son abdomen si difforme
Elle se rue, vraie furie, distillant son venin,
Puis attend, caressant déjà son ventre énorme.
Les soubresauts de sa victime la font jouir
C'est la douleur, plus que le repas à venir
Qui nourrit ainsi son âme si esseulée
Elle se gorge des plaintes, goule assoiffée.
Je me promène insouciant au fond du jardin
Un reflet argenté attire mon regard,
C'est une toile, où un petit assassin
S'apprête à déguster un moucheron hagard.
Vais-je d'un coup de main balayer l'araignée?
Non, après tout ce n'est qu'une sale bestiole
Monstre pour les petits, moi elle me fait pitié
Laissons-là, parmi nous elle a trouvé son rôle.
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