BELLE AU BOIS DORMANT

Tu dors paisiblement. Tes traits fins et charmants,
Sculptés par la vie et dessinant La Femme
Semblent sourire, tandis qu'un rêve aimant
Caresse les pétales dorées de ton âme.

Jadis, tu devais déjà reposer aussi belle
A peine née, quand une fée passa par là
Elle s'arrêta, touchée par ta grâce irréelle,
Devinant sûrement ce qu'était ton aura.

Ses dons furent nombreux, plus que ceux du Génie
A tes pieds elle posa les divines parures
D'Erato, Terpsichore, Euterpe et Polymnie
Ornant d'un diadème princier ton front si pur.

Mais, de tous ces présents, elle ne put t'offrir
Le plus rare, car il était déjà en toi :
Ton coeur, fleur de vie qui ne voulait que s'ouvrir
A la compassion, source de tous tes émois.

En te quittant, ta marraine versa des pleurs
Elle savait quelles seraient tes souffrance futures
Sachant que ton coeur hurlerait devant l'horreur
Que l'Homme inflige dans sa cruelle nature.

Impuissante à choisir, héroïne maudite
Tu serais partagée, déchirée en ton sein
Ton histoire tragique était déjà écrite
Face à tous les bonheurs et les cris inhumains.

Dors. Rejoins les rêves de ton pays lointain
Où barbarie, cruauté sont des noms de fleurs
Et dont la seule loi est l'amour du prochain
Les larmes de joie en sont les uniques pleurs.

Une mèche rebelle lentement se défait.
Une main invisible caresse ta joue,
Hugo, Baudelaire, Rimbaud sont à ton chevet
Accueillant parmi eux leur égale aux yeux doux.

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Belle au bois dormant

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