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analogon
23 février 2009

Eclipse

ECLIPSE

Dans les sombres pâturages du ciel étoilé,
Tandis que le pâtre solaire s’en est allé
Laissant Taureau, Capricorne et Bélier
Fouler les prés stellaires de leurs pieds,
Une étoile lentement à la vie s’éveille.
Nul ne la voit, discrète elle se glisse
Parmi les nuages d’or, entre les merveilles
De la Voie Lactée et ses infinis édifices.

Cette nuit-là solitaire je m’attardais
Sous les cieux ténébreux, guettant l’inconnu
M’échappant un instant d’une vie trop vécue
Seul le silence à mes sens subsistait.
Sur le sol, un petit homme, un moins que rien
Dans le ciel, des soleils, des astres aériens
Moi être de chair, eux chair d’éther
Rencontre du ciel et de la terre.

Mes yeux se voilent sous les lueurs écrasantes
De puissance de cette forte armada ;
Milliards de lucioles, déesses méprisantes
Dévoreuses inhumaines au sombre éclat.

Mais elle est là soudain, elle se dévoile ;
Parmi ses sœurs, venue de rien
Elle s’approche, rompant ses liens
Qui la retiennent de la céleste toile.
D’abord invisible, seule dans cette abondance
Elle va doucement, mène sa gracieuse danse
Fourbissant ses armes, vierge innocente
Mais portant en elle l’âme d’une amante.

Déjà autour d’elle le silence se fait :
Ses compagnes aperçoivent une telle rivale
Que l’infini lui-même devant elle se tait.
Elle irradie, elle domine sans égale
Elle est reine, c'est bien Elle.

A mes yeux incroyants elle se dévoile enfin
Malgré moi j’avance une tremblante main
Effleurant effrayé d’une caresse irréelle
L’étoile souveraine de mes songes, de mes nuits
Qui prend forme et renaît sous tes traits.
D’un désir abyssal ton regard luit ;
Déesse incarnée, femme dont je rêvais
Tu as quitté ton éden parnassien
Offrant à mon âme la plus belle des égéries
A mon corps la plus douce des féeries
Qu’enfin, mon désir devienne tien.

L'essence prend courbes et formes charnelles
Tu deviens l'Eve rêvée, fille sortie de l'Unique.
L'infini concentré dans ton regard cosmique
S'affranchit de ses éons et s'achève en ta prunelle.
Le ballet débute, mélange d'un corps céleste
A la douce pesanteur d'une chair terrestre
Le chant de l'étoile irise ta peau du plaisir
Quand la conjonction des sens te fait gémir.

Mais tu ignores que l'embrasement n'a qu'un temps,
Pour toi l'éternité est la seule mesure éloquente
Mon âme tellurique te semble aussi fine que le vent
Qui parcourt ta demeure aux limites inexistantes.

Lassée de mes racines terriennes, elle ferme son âme
Et s'ouvre aux clameurs élogieuses qui s'élèvent
Noyant le ressac solitaire qui éteint sa flamme
Mouchetée par la brise glorieuse de ses rêves.
Rompant le fil d'or, elle se sublime dans l'air
Traversant les strates, météore solaire
Admirée de certains, aimée voire vénérée
Elle reprend sa conquête des mondes éthérés.
A l'apogée de sa montée, une ultime fois
Elle se retourne, jaugeant l'infinitésimal
Face au grandiose, rien n'est plus pâle
Sans remords, elle s'élance vers son choix.

Les cieux obscurs soudain s'illuminent
D'or et d'opaline au passage de sa traîne,
Comète souveraine, à la grâce divine
L'espace courbe le temps devant sa reine.
Nébuleuses et poussières, amas stellaires,
Tous scintillent sur le parcours de lumière
Célébrant l'avènement et le sacre ultime
Du joyau reprenant sa place légitime.

La nuit est tombée. Seul dans ce noir,
J'aperçois l'éclat, froid ou intense,
De son être réveillé chaque soir.
Elle brille. Jusqu'à la renaissance.

Epilogue. Les enfants de Gaïa ont essaimé,
Les parsecs sont tombés, disparus à jamais.
Et chaque nuit, en tout monde conquis,
Ils la voient resplendir, éternelle et infinie.

Contrat Creative Commons
This création is licensed under a Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.0 France License.


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